À l’occasion de recherches portant sur des carrières du massif du Sancy, nous nous sommes arrêtés sur un dossier étonnant de la fin du XIXe siècle conservé dans les archives communales de La Bourboule et déposées aux archives départementales du Puy-de-Dôme : des procès-verbaux de marquage de bestiaux. Au-delà de la connaissance des propriétaires, ainsi que du dénombrement exact des vaches, veaux et génisses qui avaient ‘droit de parcours’ dans la forêt dite ‘de Murat’, le dossier présente l’originalité de contenir des petites planches en bois portant l’empreinte des marques apposées sur les bêtes ‘soit à la corne de la tête, soit à celle du pied’.
De taille modeste (une petite dizaine de centimètres dans leur longueur) les deux planches portent, l’une une lettre « F » pour les bêtes des habitants du village de Fenestre, l’autre une lettre « P » pour les habitants du Prégnoux. Les deux lettres sont accompagnées d’une fleur de lys, marque utilisée par les propriétaires de la forêt ‘de Murat’.
Nous reportons ci-après un large extrait du procès-verbal du marquage des bestiaux de Fenestre :
« L’an 1878 et le 16 mai, à trois heures du soir, nous, maire, accompagné de notre secrétaire, nous sommes transportés au lieu de Fenestre après avoir été requis par les habitants du dit lieu pour avoir à procéder à la marque usuelle des bestiaux qui ont droit de parcours dans la forêt dite (de Murat) appartenant à messieurs Montbrun, Paul Croizat, résidant à Lyon (Rhône) ; ayant fait prévenir le gérant de la dite forêt par notre garde champêtre d’avoir à s’y trouver, effectivement M. Espinasse François gérant, accompagné du sieur Vauzeilles François, Garde particulier de la forêt s’y sont trouvés avec nous, ont assisté à l’opération, et ont joint la marque de la maison, qui est une fleur de lys à celle de la section qui est la lettre F.
Le résultat de notre opération (…) est de quinze propriétaires possédant ensemble 143 bêtes d’espèces différentes, toutes marquées, soit à la corne de la tête, soit à celle du pied.
Ci-joint une planche portant l’empreinte des marques ci-dessus désignées.
De quoi avons dressé le présent procès-verbal (…) »
[ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU PUY-DE-DÔME, 2 O 2527]