Saint-Didier-en-Velay

« Exposé sur la croix de la grande place »

À l’occasion d’une recherche menée sur la lignée d’une famille vellave, nous avons rencontré un acte de sépulture qui a retenu notre attention. Le document est tiré des registres paroissiaux de l’ancienne paroisse de Saint-Didier-la-Séauve, devenue il y a près d’un siècle la commune de Saint-Didier-en-Velay (1925).

Nous sommes le jeudi 20 mars 1783, le vicaire de Saint-Didier, Messire Sanial, met en terre un « jeune homme pauvre inconnu ». L’inhumation d’une personne inconnue n’est pas exceptionnelle dans la France de l’Ancien Régime, mais elle nécessitait tout au moins – en théorie – de savoir si celle-ci était baptisée. En effet, le cimetière étant considéré comme terre sainte, tous ceux qui n’étaient pas morts dans la communion de l’église n’y avaient pas accès. Si le curé ne pouvait reconnaître le défunt comme étant l’un de ses paroissiens, et si ce dernier n’avait pas de copie de son acte de baptême sur lui au moment du décès (les voyageurs en emportaient souvent une avec eux lors de leurs déplacements, au cas où…), le prêtre ne pouvait procéder à la sépulture. Dans le cas qui nous intéresse, probablement afin d’éviter tout trouble à l’ordre public, le procureur fiscal du lieu avait rapidement sollicité le juge afin que soit rendue une ordonnance autorisant le vicaire de Saint-Didier à procéder à la cérémonie funéraire.

Les circonstances du décès ne sont pas indiquées dans l’acte, seules les conditions dans lesquelles le cadavre a été découvert sont brièvement évoquées :

un jeu homme pauvre inconnu exposé sur la croix de la grande place publique de cette ville.

La formulation reste vague, et il est difficile d’interpréter ce que le prêtre entend par « exposé sur la croix ». Une chose est sûre, le ou les individu(s) qui avaient « exposé » le corps souhaitaient qu’il soit à la vue de tous, sur la place publique du lieu. Un doute subsiste sur le cérémonial qui a précédé la mort, ainsi que sur la mise en scène exacte de l’homme sur la croix, et on peut se poser la question d’une éventuelle crucifixion.

Sommes-nous en présence d’un rituel punitif d’un criminel analogue à celui pratiqué par les Romains à l’encontre des étrangers coupables de crimes ?

Nous ne pouvons que poser la question.

Transcription de l’acte de sépulture :
« L’an mil sept cent quatre vingt et trois et le vingtieme mars a été enterré dans le cimetiere de l’église paroissialle de St Didier par ordonnance rendue ce jourd’huy par Mr. La Fayette juge, à la requisition de Me. Barthelemi Massard procureur fiscal, un jeu homme pauvre inconnu exposé sur la croix de la grande place publique de cette ville. Présents François Chese et Jacque Touron lesquels ont déclaré ne sçavoir signer de ce enquis.
[Signature : Sanial, vicaire
Archives départementales de la Haute-Loire, Saint-Didier-la-Séauve, 3 Num 110/15, 1764-1784 (Sépultures), vue 309/335

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