'Figure de la montaigne de Cosme et ses dépandances dans son aspec de bize (1693)' - Arch. dép. Puy-de-Dôme, 27 Fi 82

‘Figure de la montaigne de Cosme et ses dépandances dans son aspec de bize (1693)’ – Archives départementales Puy-de-Dôme, fonds de l’abbaye de Saint-Alyre, 27 Fi 82

Orcines (Ternant), 1750

Les habitants du village de Ternant (auj. com. d’Orcines, Puy-de-Dôme) avaient pris pour habitude de mener leur bétail ‘paccager dans les montaignes’ appartenant au chapitre cathédral de Clermont, près du Puy de Dôme. Aux dires des religieux, ils n’avaient aucun droit de pacage sur ces terres. Avisés de ces abus, les chanoines envoient sur place leurs gardes (‘des bois, chasse et pesche’) accompagnés d’un huissier et de deux témoins. Arrivés sur les lieux, ils trouvent une centaine de bovins, gardés par une trentaine d’habitants de Ternant près à en découdre, ‘armés la plupart de barres, d’autres de pioches et de pierres’… Les gardes parviennent à saisir un tiers du troupeau, mais ils sont rapidement rattrapés par les habitants qui s’opposent farouchement aux officiers et font fuir les animaux à coups de barres. Des menaces de mort sont proférées, et face à l’attroupement qui se fait de plus en menaçant, la délégation doit battre en retraite. Un procès-verbal est rédigé à l’issue de la rixe, qui sera à l’origine d’un procès qui durera plusieurs mois.

Il faut chercher l’origine du conflit dans une longue période de laisser-aller fautif dont a fait preuve le chapitre cathédral de Clermont dans la gestion de son foncier et plus particulièrement dans la déshérence dans laquelle il a laissé ses montagnes pourtant autrefois convoitées, permettant aux habitants de prendre la liberté d’y envoyer leurs troupeaux, s’appuyant sur le droit coutumier auvergnat qui autorisait la jouissance des vains pâturages.

Le texte (transcription intégrale) :

« L’an mil sept cent cinquante et le huitieme jour du mois de may avant midy, Nous Jacques Barbarin, garde des bois, chasse et pesche des Terres de messieurs du Chapitre Cathédral de Clermont résidant en laditte ville de Clermont Ferrand, et Annet Mioche aussy garde juré des dittes terres résidant au lieu du Gressinier parroisse d’Orcines, sur l’avis à nous donné que plusieurs des habitants du lieu de Ternant susditte parroisse d’Orcines menoient et gardoient journellement sans aucuns titres leurs bestiaux paccager dans les montaignes de messieurs dudit chapitre, et que pour la garde desdits bestiaux il y avoit actuellement plus de cinquante hommes et comme pour satisfaire au droit de nôtre commission nous sommes obligé de veiller à la conservation des bois et herbages des montaignes de messieurs dudit Chapitre Cathédral, et pour cet effet de nous transporter aux endroits à nous indiqués, mais d’autant que pour l’enlevement et saisie des bestiaux, il est nécessaire d’avoir la force en main, nous gardes susdits du consentement de messieurs dudit Chapitre Cathédral, nous nous sommes assistés de Noël Rioux premier huissier audiancier en la Sénéchaussée et siège présidial de Clermont-Ferrand, de Michel Farghon et de Jean Dupuy journaliers habitants audit Clermont-Ferrand pour témoins, et nous nous sommes tous ensemble transportés dans une montaigne appartenante audit Chapitre Cathédral situé dans la parroisse d’Orcines appellée La Reliaresse, ou étant arrivé sur l’heure de neuf du matin aurions trouvé dans laditte montaigne environ cent vaches ou bœufs qui paccageoient, icelles gardées par environ trante hommes ou garçons, tous habitants dudit lieu de Ternant, iceux armés la plupart de barres, d’autres de pioches et de pierres et auxquels ayant remontré qu’ils n’avoient aucun droit de paccage dans laditte montaigne et que par le trouble qu’ils faisoient au droit de messieurs du Chapitre nous prétendions enlever les susdits bestiaux et les mettres en sequestre jusques à ce que par justice il en soit dit et ordonné, et comme de fait nous gardes susdits assistés comme dessus nous sommes saisy d’envion trante cinq vaches, et lesquelles ayant déplacées et conduittes dans le grand chemin venant de la ville de Pontgibaud en celle de Clermont-Ferrand, à l’instant sont survenus tous les susdits hommes qui gardoient lesdits bestiaux, armés comme dessus, émus de colère, qui se sont mis audevant desdits bestiaux et auquels bestiaux ils ont donné plusieurs coups de barres pour les faire évader, disant qu’ils ne souffriroient jamais cette saisie, qu’ils avoient droit de paccage et qu’il mouroit quelqu’un, de manière que par force et violence ils nous ont révy lesdits bestiaux et iceux remis en nôtre présence dans la ditte montaigne de La Reliaresse, et attendu que nous n’avions pas la force en main, et pour éviter un désordre évident, et voyant augmenter l’attroupement desdits habitants de Ternant par leurs cris, nous gardes susdits sommes été obligé de nous retirer avec ledit Rioux huissier et ses témoins, et avons observé que parmy les rebellionnaires étoient les nommés (…) (suit une liste de noms) tous habitants dudit lieu de Ternant, de tout ce que dessus nous gardes susdits avons fait et dressé le présent procès-verbal que nous offrons affirmer et ce pour valloir et servir ce que de raison aux messieurs du Chapitre de la Cathédralle de laditte ville de Clermont-ferrand et nous sommes soussignés avec ledit Rioux huissier et les témoins lesdits jour et an huitième jour du mois de may 1750 entour l’heure de midy. »

Procès-verbal des gardes des bois, chasses et pêches du Chapitre Cathédral du 8 mai 1750 (extrait des registres du greffe de la maitrise des eaux et forêts d’Auvergne).

Archives départementales du Puy-de-Dôme, fonds du Chapitre Cathédral (3G), Armoire 14, sac A, Supplément, c.20 at (3 G0 215, nouvelle cote).

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