Benoîte, 15 ans, dévorée par un loup

[Illustration : La bête de Gévaudan [estampe], Ray, graveur, tiré de ‘Estampes relatives à l’Histoire de France’, collection Michel Hennin, tome 105, pièces 9111-9208, période : 1762-1764]

Les registres paroissiaux constituent, à travers les actes de décès ou d’inhumation, une source majeure permettant l’étude – a minima quantitative – des attaques de loups sur l’homme dans la France de l’Ancien Régime.

Les faits que nous relatons ont lieu en 1717, sur la paroisse de Saint-Préjet (à l’est de Brioude, Haute-Loire), soit un demi-siècle avant l’épisode de la bête du Gévaudan et légèrement à l’écart de la zone géographique concernée. À travers ce fait divers tragique, nous retrouvons un des grands principes rencontré lors des épisodes sanglants à venir, à savoir l’attaque privilégiée des bergers. Et comme la garde du bétail était souvent confiée à de jeunes enfants, de surcroît en lisière des bois, ils furent très souvent les victimes toutes désignées.
Autre sujet qui transparaît de cette acte de sépulture, la peur de la privation des derniers sacrements. Ici, par bonheur (!), la jeune bergère bénéficia de deux heures de répit ce qui lui permit de recevoir l’extrême onction.

Le texte (transcription intégrale) :
« Benoiste Begon du village des Begons agée d’environ 15 ans est morte ayant esté dévorée et mangée en partie par le loup en gardant le bétail, elle vescut 2 heures après que le loup luy ust déchiré tout le corps dans lequel temps elle me donna des signes d’une bonne chrétienne, sur quoy je luy donna l’absolution de ses péchés et luy administras le sacrement de l’extremontion le 12 d’avril et le reste de son corps fust enterré dans le cimetiere de céans le 13 du meme mois mil sept cent dix sept. »

[Archives départementales de la Haute-Loire, Saint-Préjet-Armandon ; 1640-1747 ; Baptêmes ; Mariages ; Sépultures ; E-dépôt 65/1]