L'église de Grazac

 Aux confins du Forez et du Velay, nous avons suivi la famille Garnier sur près de quatre siècles, depuis Pierre Marie Adolphe Garnier, professeur de piano à Firminy, jusqu’à Claude Garnier, originaire du hameau de Vaugelas, sur l’ancienne paroisse de Grazac.

La famille Garnier, entre Forez et Velay

Quatre siècles durant lesquels les membres de la famille n’ont cessé de bouger au grès de leurs unions, s’installant bien souvent après leur mariage avec leur belle-famille. Entre le début du XVIIe siècle et le XXe siècle, les membres de la lignée ont déménagé sept fois : de Vaugelas, paroisse de Grazac (1615-1741), au Peyron, paroisse de Saint-Didier-la-Séauve (ancien nom de Saint-Didier-en-Velay) (1741-1777), à Chanteloube, paroisse puis commune de Saint-Pal-de-Mons (1777-1800), à Marlhes (1800-1816), à Bercary, commune de Dunières (1816-1832), à Firminy, rue Centrale (1832-1866) puis rue Victor Hugo (1866-1927).

Les Garniers de Vaugelas

Si l’on s’intéresse aux générations les plus lointaines, Jean Garnier fut le premier de la lignée à quitter Grazac en 1741 pour venir habiter avec ses beaux-parents.  Né au début du XVIIIe siècle à Vaugelas, dans les gorges de la Dunières, il était le descendant d’au moins trois générations de laboureurs qui ont également exercé des activités marchandes, probablement minotières. La plupart d’entre eux sont des lettrés : ils signent au bas des actes paroissiaux et notariés.

Le hameau de Vaugelas est blotti au fond des gorges de la Dunières, sur sa rive gauche, à quelques hectomètres du confluent avec le Lignon. La zone est très escarpée et le cheminement difficile pour remonter au chef-lieu de Grazac. C’est la raison pour laquelle les habitants de Vaugelas ont été rattachés en 1860 à la nouvelle commune des Villettes, dont le chef-lieu était situé sur l’autre rive de la Dunières. Il suffit de se référer à l’étymologie du lieu – Vaugelas = vallée glacée – pour imaginer que la vie des premiers Garnier dans cette région n’était pas des plus aisées.

Une « vieille » famille

La famille devait être anciennement installée sur la paroisse de Grazac, au point de posséder un tombeau dans le cimetière et, semble-t-il, un autre à l’intérieur de l’église. Nous avons relevé plusieurs actes de sépultures qui indiquent des inhumations ad sanctos, témoignage non seulement de l’ancienneté, mais également du rang de la famille au sein de la paroisse. Une branche cousine semble d’ailleurs avoir occupé des fonctions de notable (maître artisan, notaire, officier du tribunal seigneurial… ?) puisque l’on rencontre dans l’acte de baptême de Claude Garnier, en 1679, un Maître Claude Garnier, parrain de l’enfant, résidant au bourg de Grazac.

Une autre preuve de la présence très ancienne de la famille Garnier à Vaugelas nous est donnée à l’occasion d’un procès tenu en 1692. Jacques Garnier eut à justifier de la propriété de terres qui lui était contestée par des habitants du lieu de la Villette, dépendant alors de la paroisse de Sainte-Sigolène. À cette occasion, il se défend devant la justice de Monistrol en revendiquant une « possession immémoriale » de ses ancêtres sur ces propriétés. La cour lui donna raison.

Le même Jacques Garnier, laboureur en 1692, est dit meunier en 1710 lorsqu’il rédige un premier testament. Les legs effectués sont importants, à la fois en argent et en bétail (brebis, moutons et agneaux), révélateurs d’une catégorie sociale relativement aisée. L’acte nous donne également des indications sur le rapport entretenu par les Garnier avec les instances religieuses locales puisque le testataire procède à des legs aux Révérends Pères Capucins de la ville de Monistrol ainsi qu’à la confrérie des Pénitents de Grazac.

Lorsqu’il rédige un codicille à ce précédent acte, en 1721, le notaire ne l’identifie plus en tant que laboureur ou meunier, mais comme ménager. Si cette formulation s’appliquait, dans le Nord de la France, à un petit propriétaire – entre le manouvrier et le laboureur – il semble bien que dans la Velay le terme gagnait en opulence et s’appliquait à un laboureur aisé. À cette occasion, il augmente encore ses legs à ses enfants. L’un d’entre eux, Martial, est parti mener des études cléricales, indice supplémentaire du niveau social de la famille, qui s’apparente à celui de la petite bourgeoisie rurale.

Du hameau de Vaugelas, il ne reste que des ruines. Le dernier habitant est mort au milieu du XXe siècle. Pour y accéder, il faut laisser sa voiture à la Croix des chasseurs, non loin de Vendets, dernier hameau habité. Emprunter ensuite un sentier qui serpente dans le bois jusqu’au bas des gorges, 200 mètres en contrebas. Les maisons en ruine sont prises dans la végétation. Le linteau d’une porte conserve encore la mémoire de la présence de la famille Garnier ici : les initiales de Jacques Garnier « J G » ainsi qu’une date, 1691.

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