Les fonds d’archives recèlent une multitude de documents étonnants. Celui que nous présentons ici est probablement l’un des plus grands (par la taille) du fonds ancien de la bibliothèque de Clermont-Ferrand.

La première carte de Basse Auvergne

Au-delà de cette curiosité son intérêt est ailleurs : il s’agit de la première représentation figurée de Basse Auvergne. Dessinée en 1544 par l’ambertois Jacques Buysson,  la carte se situe en tête d’un imposant rouleau de papier de plus de 3 m. de long et  de 70 cm de large. La carte elle-même mesure 59×85 cm. [Bibliothèque de Clermont Communauté, manuscrit 978]Elle fait partie d’un dossier de demande d’agrégation aux bonnes villes du « bas pais d’Auvergne » formulée par les habitants de la ville d’Ambert. Elle fut ajoutée à leur requête pour appuyer les propos des consuls représentés par Mathieu Columbier, notaire du lieu. Réalisée par Jacques Buysson, elle n’est que la copie d’une « figure » originale qui couvrait deux « peaux de parchemin », aujourd’hui disparue.

Une figure plus qu’une carte…

L’œuvre de J. Buysson est surtout une prouesse artistique et graphique, en particulier dans le soin apporté au dessin de chacun des lieux, et demeure, sur le plan géographique, un travail complexe à déchiffrer. L’orientation fantaisiste (nord-ouest / sud-est) dictée par la volonté de placer Ambert au premier plan et d’adopter dans le même temps une perspective embrassant toute la province,  associée à l’absence d’échelle et aux incohérences dans les distances, sont autant d’écueils qui compliquent le travail d’identification des villes et des chemins.

Le territoire auvergnat vu par un ambertois du XVIe siècle

Par ses aspects schématique et artistique, la réalisation de J. Buysson peut sembler sans grande valeur scientifique, et donc sans grand intérêt historique. De nombreuses insuffisances d’un point de vue cartographique (échelles, distances, orientation, identification des villes, tracés des routes, figuration du relief) sont là pour nous rappeler que l’auteur de la carte est un peintre, pas un géographe et encore moins un cartographe. Néanmoins sa liberté d’expression, qui s’exprime à travers les nombreuses dissonances que l’on peut relever entre la peinture et les textes consulaires, est un précieux témoignage puisqu’elle traduit graphiquement la perception de l’espace vu par un habitant d’Ambert vivant au milieu du XVIe siècle.

Ainsi, à défaut d’une vision globale et réaliste des villes et du réseau routier de Basse Auvergne à la sortie de l’époque médiévale, la carte met en lumière l’espace de vie des habitants d’Ambert. Le caractère multiple et dense du maillage à travers les monts du Livradois et jusque dans les Limagnes, est révélateur des destinations, des itinéraires familiers et des territoires avec lesquels les ambertois échangent et commercent de manière privilégiée.

La Basse Auvergne en 1544 vue par Jacques Buysson

vue-generale

© 2015-2020 HISTOIRE DE FAMILLES D'AUVERGNE ET D'AILLEURS...
| ÉTUDE GÉNÉALOGIQUE | N° SIRET : 80955062700016

normal-logo

SUIVEZ-NOUS SUR FACEBOOK