Porte des Forges (1790)

[Dessin de la porte des Forges (ca 1790) tiré de l’Histoire de Montluçon de Montusès (p.80)]

Les archives notariales sont des sources inépuisables pour l’histoire locale. Nos recherc]hes récentes dans les fonds des notaires montluçonnais nous ont encore réservé quelques belles découvertes…
Au mois de juin 1623, les consuls de la ville de Montluçon, chargés – entre autres choses – de garantir la sécurité des habitants qu’ils représentent, sont sur le point d’entrer en procès avec François Phillippon, laboureur. Ce dernier vient de construire une maison au faubourg des Forges, à quelques encablures de la porte du même nom, l’une des quatre que compte la cité. Les consuls estiment que la position du bâtiment, et surtout la hauteur de son pignon, pourraient, en temps de guerre, représenter un danger pour les gardes de la porte.
Un accord, passé devant notaire, permet d’éviter le procès. Il prévoit la destruction du pignon dans une situation de « guerre ou troubles », laissant la possibilité au sieur Phillippon de le reconstruire une fois l’épisode terminé.
Les nuances dans l’intervention consulaire, répressive, mais aussi tardive et conciliante, sont le reflet de leur rapport à l’insécurité du moment. Le sentiment est mitigé : si la France est effectivement en Guerre (Guerre de 30 ans), les opérations militaires sont extérieures au royaume, loin du Bourbonnais, et même si le souvenir de la période troublée des Guerres de religion est encore bien présent dans les mémoires montluçonnaises, elle remonte déjà à une trentaine d’années…
Bref, à la fin du premier quart du XVIIe siècle, nous sommes à un tournant de l’organisation défensive commune qui va peu à peu disparaître et qui va se traduire par l’abandon progressif de l’entretien des organes défensifs et le comblement des fossés.

Le texte (transcription intégrale avec l’aimable collaboration d’Emmanuel Grélois) :

« Comme debat et proces fut prests a ce mouvoir entre honnorables hommes les consuls de la ville de Montluçon d’une part et Françoys Phillippon laboureur demeurant au faulxbourg des Forges dudit Montluçon d’aultre, sur ce que lesdits sieurs consuls disoient que puis quelque quatre ou cinq mois … ledit Phillippon auroit faict bastir et construire ung grand corps de logis ou il y a cellier, chambre et grenier dessus qui joint le chemyn tendant de la porte des Forges au molin de Crochepard d’une part, la maison et jardin de Me. Jacques Labourg prebtre curé de Sainct Angel d’aultre, le jardin de Me. Jehan delachappelle d’aultre et le jardin dudit Phillippon des apartenances de ladite maison d’aultre part, que faisant ledit logis ledit Phillippon a fait ung bon et fort pignon qui regarde la porte des Forges de ladite ville par le moyen duquel les gardes qui pourroient estre constitués à ladite porte pourroient en temps de guerre courir fortune de leur vye à l’occasion dudit pignon qui est ung peu plus hault eslevé que la courtine du boullevard de ladite porte des Forges, au moyen duquel prétendoient lesdits consuls faire habatre ce que pourroit nuyre à ladite ville par le moyen dudidt pignon, sur quoy ledit Phillippon disoit qu’à sondit logis il n’y a point de chambre haulte et que le pignon est fort faible et il n’est pas plus hault eslevé que la courtine du ravillon (?) de ladite porte des Forges de laquelle il est assés esloigné, offerir neanlmoings que en temps de guerre ou troubles de desmolir et habatre ce qui seroit trouvé nuysible à ladite ville et que de ce faire il estoit prest d’en passer contract et pour ce aujourdhuy, Sçavoir faisons que pardevant Gilbert Perron et Pierre Barthomeuf notaires royaulx ont esté présens en leurs personnes honnorables hommes Mes. François Cheneds (?), Nicolas Labourg, Pierre Descousts et Leon Cornereau au nom des consuls, maîtres et administrateurs du faict comung de ladite ville de Montluçon pour eulx d’une part, et ledit François Phillipon laboureur demeurant au faulxbourg des forges de ladite ville pour luy d’aultre part, lesquelles parties de leur bon gré et vollonté pour empescher le susdit defferand et procès qui estoit à naistre, les parties en ont transigé comme s’ensuit, c’est assavoir que ledit Phillippon, a promis et s’est obligé que en cas de guerre ou troubles de desmolir et faire desmolir le hault du susdit pignon à prandre despuis le plancher du grenier de ladite maison jusque au hault dudit pignon pour après pouvoir par ledit Philippon refere ledit pignon qui sera desmoly de tourchis rebordeant ou d’ony, ainsy qu’il luy plaira, ce que lesdits sieurs consuls luy ont permis faire au susdit cas qu’il arrive subject en cause pertinante come de guerre ou troubles, et au cas que ledit Phillippon ne voudroit sy promptement faire les démollitions qu’il en seroit requis sera permis ausdits consuls et habitans de faire la susdite demollition sans que pour ce ledit Phillippon puisse prétendre contre lesdits habitans aulcun dommaiges et interests. Car ainsy a esté acordé … Fait à Montluçon après midy en présence des notaires royaux soubsignés le 17 juin 1623 (…) »

[Archives départementales de l’Allier, 3E 14579]

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