Des recherches sur une ancienne famille montluçonnaise (les Audon, alias Odon) nous ont amené à consulter les tables décennales d’état-civil de la ville. À la lettre « E » des tables alphabétiques qui listent les décès, quatre folio sont uniformément remplis de la mention « Espagnol décédé le… ».
Entre janvier 1810 et octobre 1812, alors que la guerre d’Espagne fait rage entre les armées napoléoniennes et la résistance espagnole, ce ne sont pas moins d’une centaine de prisonniers espagnols qui trouvent la mort à Montluçon au grès des convois qui transitent ici, au moins un par mois, parfois plusieurs par semaines.
Pendant près de 30 mois, ce flot incessant des colonnes de prisonniers va traverser la France du sud-ouest ou nord-est, traversant les Pyrénées, cheminant par la région toulousaine jusqu’à Limoges puis empruntant la route impériale via Guéret et Montluçon, jusqu’à Autun, destination finale.
Les causes des décès ne sont pas mentionnées, mais elles sont probablement multiples : l’épuisement, la maladie (épidémies ?), les suites de blessures et bien sûr le froid (la majorité des décès ont lieu en période hivernale).
Des centaines de prisonniers ont survécu à ces marches forcées, certains ont pu rester en France et ont fait souche.

Pour illustrer notre propos, nous reproduisons un des actes de décès en question :

[En marge : Acte n°28 – Espagnol] « L’an 1810, le deux février à sept heures du soir, pardevant nous Pierre Cornereau premier adjoint délégué par M. le maire pour remplir les fonctions d’officier de l’état-civil de la ville de Montluçon, sont comparus Louis Tauveron et Claude Maume journaliers demeurans en cette ville chargés du soin des prisonniers de guerre espagnols, lesquels nous ont déclaré qu’un prisonnier de guerre espagnol dont ils ignorent les nom et prénom faisant parti du neuvième transport a été trouvé mort sur la voiture qui l’a conduit ce jourd’hui de Gouzon en cette ville, et avons signé le présent acte de décès les déclarants ayant dit ne le savoir après lecture faite. »

(Archives Départementales de l’Allier, MONTLUCON, Décès, 1802-1812 – Cote 1 E 2 – 4, vue 339/460)

Pour aller plus loin sur le sujet :

Les colonnes de prisonniers espagnols des guerres napoléoniennes à Saint Léonard (1810 à 1813) : de la généalogie à la grande Histoire… Michel Patinaud

BARAILON et les prisonniers espagnols à l’étape de GOUZON en 1810, Denis Loche (Extrait du texte de Mr. A. Guy communiqué aux » Amis de Montluçon »)

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